LA MÉDECINE NUCLÉAIRE DESORMAIS PLUS PERFORMANTE À MADAGASCAR
Une action menée par les Rotary clubs Reims et Antananarivo Ainga, dans le cadre d’une subvention mondiale de la Fondation Rotary, se concrétise par l’installation d’une gamma-caméra dans le seul service de médecine nucléaire de Madagascar. . Texte de Christophe COURJON
Une gamma caméra ?
Une gamma-caméra est un appareil utilisé en médecine nucléaire pour cartographier une zone pathologique et réaliser une image appelée scintigraphie. L'acte médical consiste à injecter, ou faire absorber ou inhaler un produit pharmaceutique spécifique de l’organe à explorer (exemple phosphates pour les os) sur lequel est fixé un isotope radioactif. La gamma-caméra décèle les rayons gamma émis par l’isotope et montre une zone de fixation anormale, excessive ou un défaut de fixation du produit utilisé, produit devant être le moins dangereux possible et éliminé rapidement. L’irradiation du patient est moindre que lors de la réalisation d’une radiographie classique. Couplée à la technologie du scanner, la cartographie de la zone pathologique n'est plus plane mais spatiale, déterminant un volume pathologique.
La Grande île ne dispose en effet que d’une seule unité de médecine nucléaire, située dans la capitale, Antananarivo. On imagine les difficultés de gérer un tel service dans un pays un peu plus grand que la France, qui compte 24 millions d’habitants. Le Dr Ravelo Rasata, chef de service de médecine nucléaire, et membre du Rotary club Antananarivo Ainga, explique que jusqu’à présent « les malades sont envoyés en cas de nécessité à La Réunion, pour ceux qui peuvent assumer financièrement les coûts du voyage et des soins. » Mais la très grande majorité des patients malgaches n’a pas la possibilité de régler de telles sommes. L’intervention des Rotariens apparaît donc particulièrement adaptée à une situation critique et urgente, d’autant plus que l’OMS estime que près de 20 000 nouveaux cas de cancer se révèlent chaque année dans le pays, et que seuls 1800 sont diagnostiqués faute d’infrastructures suffisantes.
Un matériel de pointe
Le Dr Colette Vaudrey, endocrinologue et médecin nucléaire, membre du Rotary club Reims, se rend deux fois par an à Madagascar aider ses confrères à soigner des patients atteints de cancer de la thyroïde. Son Rotary club est le partenaire principal de la subvention mondiale (Global grant) obtenue auprès de la Fondation Rotary. Le montant total de cette opération a été de 200 000 dollars, somme que le ministère de la Santé de la Grande île ne pouvait affecter à ce programme. Compte tenu de l’hyperspécialisation du projet, elle l’a géré de bout en bout avec son confrère malgache Ravelo Rasata. Cette technique de scintigraphies complète les explorations indispensables dans le cadre du plan Cancer mis en place par le gouvernement malgache avec le démarrage de la radiothérapie. Le Dr Ravelo Rasata témoigne que « la gamma-caméra permet la recherche des métastases osseuses de tous les cancers. » Colette Vaudrey explique que « cette gamma-caméra a l’avantage d’être couplée avec un scanner qui permet la réalisation d’une image en 3 D et l’éventuelle irradiation d’une métastase unique. Le médecin rémois souligne les difficultés liées à l’usage de ce matériel sophistiqué : « Les difficultés sont réelles pour l’achat des radio-isotopes et pour assurer la maintenance de la gamma-caméra une fois par an par un personnel qualifié que nous n’avons pas à Madagascar : c’est la première gamma-caméra du pays, la quatrième dans les pays africains… »
Un suivi indispensable au bon fonctionnement
Maurice Collin et Joël Bessière sont tous deux médecins grenoblois et Rotariens ; profondément investis dans Santé et développement international, association indépendante du Rotary mais fréquemment soutenue par des Rotary clubs lors d’actions dans des pays en développement, ils apportent leur expertise pour cette action à Antananarivo. Ces deux médecins, grands connaisseurs de la Grande île, ont tout d’abord aidé grâce à leur club et leur district (1780) le Rotary club Reims. Maurice Collin explique que « nous nous rendons une ou deux fois par an à Madagascar avec Joël Bessière et nous nous assurons que tout fonctionne bien. L’une des pièces de cet appareil avait grillé et nous sommes intervenus pour qu’elle soit remplacée le plus vite possible ».
Maurice Collin est témoin de l’espoir des patients malgaches : « on constate des listes d’attente importantes ; les malades ont conscience que leur vie dépend de ce matériel, d’où cette forte demande de la population du pays pour en être doté. »
L’installation de cette gamma-caméra constitue une grande étape pour la médecine malgache qui dispose à présent d’une unité nucléaire des plus modernes, permettant une quasi autonomie sanitaire. Cette autonomie va s’affirmer par la formation de personnels spécialisés dans le domaine nucléaire, qu’ils soient médecins ou techniciens. La chaîne de solidarité rotarienne s’est montrée efficace, tant pour la rencontre des compétences que dans le montage financier. Le Rotary montre à travers cette action son caractère international et professionnel. Il démontre une réelle valeur ajoutée : celle du service à autrui.
L’apport de la médecine nucléaire
Les scintigraphies permettent des explorations statiques et dynamiques pour de nombreuses pathologies. Si les images osseuses sont le plus souvent réalisées dans le cadre de la recherche de métastases de cancer, cette dernière peut aider à d’autres diagnostics dans des contextes de traumatismes ou de douleurs osseuses
La scintigraphie cardiaque explore la perfusion du muscle cardiaque par les artères coronaires au repos et à l’effort sous la surveillance d’un cardiologue
Les explorations isotopiques pulmonaires nous renseignent sur deux fonctions majeures de cet organe : la perfusion, c’est-à-dire la circulation artérielle et veineuse si nous avons une suspicion d’embolie pulmonaire, et la ventilation en cas de broncho pneumopathie chronique.
Les images rénales permettent de connaitre le fonctionnement et la morphologie de chacun des reins.
La scintigraphie thyroïdienne est plus connue, ses indications sont plus limitées depuis l’évolution des échographies, mais la médecine nucléaire permet le traitement des cancers de la thyroïde par l’Iode 131 après l’ablation de la glande.
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