COMMENT INCITER DES JEUNES À PARTIR UN AN À L’ÉTRANGER ?

Magazine 857 - Janvier 2025

Le programme d’échange de jeunes offre au Rotary une visibilité et un caractère dynamique. Il apparaît comme le programme le plus porteur, mettant en valeur l’aspect international du Rotary et sa volonté de préparer l’avenir des nouvelles générations. La crise pandémique a interrompu pendant deux années les milliers d’échanges, lesquels ont repris, mais avec des effectifs moindres. Comment inciter les jeunes à partir 1 an à l’étranger comme Student ? Plusieurs responsables à travers la France apportent des éléments de réponse.

Image COMMENT INCITER DES JEUNES À PARTIR UN AN À L’ÉTRANGER ?

Le programme long des échanges de jeunes, appelé « Student exchange » invite des garçons et des filles à partir une année scolaire dans un pays dont la langue est différente. Il sont logés dans trois familles au cours de leur séjour. Les candidatures sont étudiées au sein des districts des clubs qui parrainent le jeune, lequel doit faire preuve d’une certaine maturité et d’un esprit d’ouverture.

 

 

Se confronter à une interaction concrète

 

Marc Altmeyer-Wagner, district 1790 :

« La meilleure façon d’inciter un jeune à quitter son confort familial est de lui faire partager le ressenti de ceux qui vivent ou ont vécu le programme d’échange. À l’époque des influenceurs et des réseaux sociaux, le partage d’expérience de jeunes à peine plus âgés est un vrai levier de décision. Habituellement, à 15 ou 16 ans, l’idée de quitter sa famille et ses amis est une vraie révolution et il faut du courage pour imaginer partir seul de l’autre côté du monde. Il faut de la maturité et une soif de découverte. Et quoi de mieux que le retour d’expérience et d’écouter ce qu’en disent les autres jeunes. Je me rappelle avoir partagé un lien internet vers le blog d’une outbound (Student française en cours d’échange à l’étranger) au Brésil et ce fut le déclic pour la fille d’un ami, qui initialement avait négativement accueilli l’idée de partir.

De même, côtoyer un jeune étranger dans son lycée en France peut éveiller la curiosité. Participer aux « goûter exotiques », événement classique des districts où les inbounds (étudiants étrangers en cours d’échange en France) font découvrir leurs cultures et gastronomie, entre autres, est une autre opportunité incontournable. Les rebounds (students français de retour d’échange) sont nos meilleurs ambassadeurs ! Comme pour beaucoup de sujets, se confronter à une interaction concrète permet de comprendre l’opportunité, la magie du programme et d'effacer les doutes naturels initiaux ».

 

Regarder au-delà du rêve américain

 

Dominique Brice, district 1700 :

« Aujourd'hui le problème "de l'incitation" n'est pas d'actualité. Ils savent tous qu'une année de césure avec notre programme est un grand "plus" pour leur avenir ; elle leur donnera la possibilité, par exemple, d’intégrer dans leur étude (lycée ou au-delà) une section binationale (ex bachibac, Abibac, Abitur sections très recherchées). Les jeunes sont très renseignés, curieux. En effet, si le parrainage d'un Rotary club est possible (le problème de l'incitation se reporte surtout dans la recherche du Rotary club parrain) , je n'ai  pas de difficulté à "inciter" un jeune à participer au programme Student exchange mais plutôt à les convaincre d'accepter de partir hors des États-Unis ou du Canada, puisque ces possibilités sont très limitées par rapport à celles précédant les années Covid et la guerre en Ukraine.

Il faut donc fournir des exemples d'échanges réussis au Mexique, en Amérique du Sud qui sont maintenant les partenaires offrant le gros du contingent de Students.  Mais la question de la sécurité reste pour les parents la première préoccupation pour accepter ces destinations.

Inciter les jeunes à regarder au-delà du "rêve américain" est difficile, car il est presque toujours cité dans leur lettre de motivation ». 

 

 

Faire connaître le programme est la clé

 

Valérie Louis, district 1520 :

« Dans le district 1520, j’envoie un emailing à tous les lycées et nous organisons volontiers des présentations avec le Rotary club local en présence d’ un ou de deux jeunes français et étrangers bénéficiaires de ce programme . Nous essayons d’obtenir également des articles dans la presse locale, ce qui est plus aléatoire mais possible. Mais globalement ce qui fonctionne le mieux (à 80%) demeurent le bouche à oreille et la rencontre entre un candidat potentiel et un ancien bénéficiaire ou un actuel Student.

­Échanger avec un jeune qui a vécu cette expérience (en accueillant un jeune à la maison ou en en connaissant un au lycée) déclenche l’envie de vivre la même expérience car ils disent très souvent que c’est la meilleure année de leur vie. J’aime aussi leur expression : « ce n’est pas une année dans une vie mais une vie dans une année ».

J’ai une jeune qui hésitait à partir cette année. Elle est venue à notre traditionnelle soirée exotique et a discuté tout d’abord avec deux rebounds. Elle a dialogué également avec quelques inbounds qui lui ont tous dit que leur pays était le meilleur.

Ainsi, les jeunes se rendent compte qu’ils ont beaucoup plus en commun qu’ils ne le croient ; cela les rassure énormément quant au fait de quitter leur zone de confort ».

 

 

Insister sur l’intégration dont ils bénéficieront à l’étranger

 

Philippe Baumon, président du Centre rotarien pour la jeunesse (CRJ) :

« Il faut chercher à convaincre les jeunes, et non pas leurs parents du bienfondé de ces échanges. C’est au cours de réunions scolaires où sont présentés les différents programmes d’échanges que l’on parvient à inciter des élèves à franchir le pas. Les présentations faites dans des établissements scolaires sont du ressort des Rotary clubs, les districts vérifient la qualité des candidatures de jeunes. Les enfants de Rotariens qui partent une année sont très minoritaires, de l’ordre de 10 à 15% ; nous devons effectuer un gros travail d’information auprès des jeunes, d’où l’importance des présentations dans les lycées.  Depuis la Covid, on constate une baisse de l’intérêt des jeunes pour un échange long, le nombre de candidats a baissé de 20% environ. Nous privilégions des candidatures de qualité et nous constatons un très faible nombre d’échec en France. Ce qui est le plus difficile pour les jeunes est de s’intégrer dans une classe, et non pas dans la famille d’accueil ; mais ceci est davantage le cas des jeunes étrangers séjournant en France qui sont frappés par le nombre de matières enseignées au lycée, ainsi que par les contraintes horaires. Pour inciter les jeunes à partir une année à l’étranger, il demeure primordial que soit mis en avant l’intégration dont ils bénéficieront dans leur pays d’accueil, et que le séjour est avant tout culturel plutôt que linguistique. »

 

 

S’informer sur le Student exchange

Chaque district a son « DYEC », le coordinateur du programme d’échange de district. Il répondra à vos questions ; vous trouverez ses coordonnées notamment dans l’annuaire digital de Rotary Mag. www.rotarymag.org

Autre ressource : le Centre rotarien pour la jeunesse : www.crjfr.org

Le coût du parrainage d’un jeune est modeste pour un club parrain ; dans la majorité des districts, il se limite à environ 70 € d’argent de poche par mois et une prise en charge pour des sorties ou réceptions.

 


TEXTE DE CHRISTOPHE COURJON

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