L’ÉTHIQUE PROFESSIONNELLE N’A PAS DE PRIX
L’Institut national du service public (INSP, ex ENA), situé à Strasbourg, accueille le 6 juin la finale du Concours 2023-2024 de l’éthique professionnelle du Rotary. Une saison dominée par des essais en lien avec la sécurité, et des lauréats issus d’écoles militaires.
Ce concours célèbre cette année ses 20 ans d’existence. Organisé tout d’abord au niveau des districts de France, il sélectionne pour la phase finale et nationale les lauréats ayant obtenu une note d’au moins 14/20. Impliquant tous les Rotary clubs qui le demandent, le prix distingue des étudiants d’un niveau minimum bac+3 qui dissertent sur un sujet en lien avec un métier. En partenariat avec la Conférence des grandes écoles et la Commission nationale française pour l’Unesco, le jury rotarien étudie des essais provenant d’étudiants de tous horizons.
Un jury sensible aux qualités humaines
Les essais sont étudiés par un jury formé de 6 à 8 membres suivant les années, chacun issu d’un district de France ; leurs professions sont diverses, comme le sont celles illustrées dans les copies transmises. La grille de notation, identique à celle du concours de district, tient compte – outre la forme et le fond – de la pertinence des recommandations d’action émises par le candidat ; il ne s’agit pas seulement de constater des dilemmes éthiques dans l’exercice d’un métier. Anne-Marie Borderie, membre du Rotary club Rueil-Malmaison, est l’un des membres du jury : « Chacun est prié de lire l’ensemble des essais, soit 42 cette année. Nous sommes très sensibles aux qualités humaines qui transparaissent dans les réflexions : il ne s’agit pas d’un devoir d’élève qui souhaite décrocher une récompense, mais d’une étape dans la maturité du jeune. » Les essais présentés sont rédigés en majorité par des étudiants en fin d’études, en contact avec la vie professionnelle lors de stages ou de formations.
La domination des sujets de sécurité
« Chaque année, le thème favori traité par les candidats évolue : il y a trois ans, c’était souvent en lien avec la santé, l’an passé avec l’Intelligence artificielle ; cette année, les réflexions éthiques portent fréquemment sur des questions de défense ou de sécurité » explique Pierre Jachez, président du jury. Membre du Rotary club Strasbourg Droits de l’Homme, organisateur de cette finale, il estime que « les sujets traités semblent être inspirés par l’actualité et les médias. » Effectivement, sur les quatre récompenses décernées, trois reviennent à des élèves officiers…dont le premier prix.
Les militaires à l’honneur
Antonin Bortolotti , élève-pilote de l’École de l’air et de l’espace à Salon-de-Provence, remporte le 1er prix pour sa réflexion « Haut dans le ciel, profond dans l’éthique : la quête morale du pilote de chasse. » Au cœur de cet essai émerge une quête de sens : de quelle manière les principes d'honneur, de devoir et d'altruisme façonnent-ils la réalité quotidienne du pilote de chasse ? « Peuvent-ils guider nos actions dans un monde en constante évolution ? » ; c'est à cette question fondamentale qu’Antonin tente de répondre, en s'appuyant sur les leçons du passé et les défis du futur, dans l'espoir de contribuer à l'édification d'une armée de l'Air et de l'Espace tournée vers l'excellence éthique et opérationnelle. Cet essai explore la dimension éthique du métier de pilote de chasse, révélant comment leurs principes guident des décisions cruciales, mêlant courage, respect de
l'adversaire, et protection des innocents. « En transcendant les limites du conflit, ces valeurs tissent une éthique de guerre qui rend hommage à la profession de pilote de chasse et offre un exemple pour toute la société, prouvant que même dans les heures les plus sombres, il est possible pour l'humanité de rayonner ».
Deux élèves de l’École des officiers de la Gendarmerie nationale, située à Melun, obtiennent ex aequo le 3e prix : Margaux Mourge pour « L’éthique dans la lutte contre la cybercriminalité » et Hugo Bricard pour « L’éthique professionnelle du gendarme à partir du prisme d’Antigone. » Margaux développe la difficulté de garantir le respect des droits individuels tout en assurant une lutte efficace des gendarmes contre ces menaces. La réflexion d’Hugo s’appuie quant à elle sur le conflit qui peut surgir chez un gendarme entre son devoir envers l’autorité hiérarchique et sa conscience.
La philosophie présente dans l’entreprise
Le 2e prix est décerné à Simon Desenclos, étudiant à la Kedge Business School, implantée à Toulon, pour son essai sur « la philosophie au service du monde du travail et du management. » Il décrit dans quelle mesure philosopher et travailler peuvent faire bon ménage et contribuer à l’épanouissement de l’homme, tout autant qu’à la pertinence de ses décisions dans le monde moderne du travail. La philosophie peut être une source d'inspiration pour les managers qui souhaitent donner du sens au travail, améliorer la prise de décision et favoriser l'épanouissement des équipes. Elle incite le manager à cultiver la connaissance des autres, à identifier leurs forces et faiblesses, mais également les siennes, et à fixer des objectifs afin de créer de l’accomplissement personnel et collectif. Il se développe ainsi rationalité et discernement, qualités essentielles pour un leadership éclairé dans la prise de décision.
Un concours à vocation internationale
Actuellement, seuls des clubs et des districts de France métropolitaine participent à ce concours. Son organisation repose beaucoup sur ses référents qui, dans leur district, sont en contact avec les universités et grandes écoles pour rechercher des candidats ; ces référents organisent le concours au niveau de leur district, phase de sélection pour la finale nationale.
Une demande d’étendre le Concours de l’éthique professionnelle du Rotary à la Belgique et au Luxembourg est faite par les organisateurs, lesquels envisagent à terme de le proposer à d’autres districts francophones du monde. Rappelons que le respect de l’éthique professionnelle est à l’origine de la création du Rotary en 1905.
Contact :
www.concours.ethique.rotary-cge.org
Une vidéo sur la cérémonie
La remise des prix a fait l’objet d’une vidéo réalisée par une jeune membre du Rotary club Strasbourg Droits de l’Homme :
https://www.youtube.com/watch?v=TjIRY0sKCRs
Des prix cumulables
Pour le concours national, le 1er prix est de 2 000 €, le 2e 1500 €, le 3e 1 000 €
Ces sommes s’additionnent à celles reçues lors du concours au niveau du district.
TEXTE DE CHRISTOPHE COURJON
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